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Qu’est-ce que la musicothérapie ?

« La musicothérapie est une pratique de soin, d’aide, de soutien ou de rééducation qui consiste à prendre en charge des personnes présentant des difficultés de communication et/ou de relation. Il existe différentes techniques de musicothérapie, adaptées aux populations concernées : troubles psychoaffectifs, difficultés sociales ou comportementales, troubles sensoriels, physiques ou neurologiques. La musicothérapie s’appuie sur les liens étroits entre les éléments constitutifs de la musique, et l’histoire du sujet. Elle utilise la médiation sonore et/ou musicale afin d’ouvrir ou restaurer la communication et l’expression au sein de la relation dans le registre verbal et/ou non verbal »
Cette définition proposée par la Fédération Française des Musicothérapeutes est une bonne entrée en matière pour découvrir la musicothérapie étant donné qu’elle est assez complète et non restrictive. Mais elle peut paraître complexe pour ceux qui découvrent totalement cette pratique.

Il m’arrive d’expliquer simplement aux novices que la musicothérapie se joue dans une relation triangulaire entre le thérapeute, le patient (ou le groupe de patients) et le sonore ou la musique. C’est le processus qui compte et non le résultat final. Aussi, le musicothérapeute ne recherche pas le beau mais à atteindre des objectifs thérapeutiques, rééducatifs ou psychoéducatifs par l’intermédiaire des outils sonores et musicaux. C’est pourquoi la musicothérapie est une pratique proche d’autres métiers comme ceux de psychologue, de psychomotricien ou encore d’ergothérapeute. Le musicothérapeute va s’appuyer sur des références théoriques, des travaux, des recherches et des concepts développés par des auteurs de courants de pensée qui peuvent être différents (musicothérapeutes mais aussi psychologues, psychanalystes…).

Cependant, cette discipline est récente et n’est pas encore connue de tous. C’est la raison pour laquelle il était important d’en rappeler la définition. D’ailleurs, je vous propose de terminer cette introduction par deux autres définitions qui complètent la première, l’une proposée par l’Organisation Mondiale de la Santé et l’autre par Édith Lecourt, l’une des pionnières de la musicothérapie en France.

« La musicothérapie est une des composantes de l’art-thérapie qui consiste à utiliser la musique comme outil thérapeutique, pour rétablir, maintenir ou améliorer la santé mentale, physique et émotionnelle d’une personne. » OMS

« La musicothérapie est une forme de psychothérapie ou de rééducation, d’aide psychomusicale, selon les cadres considérés, qui utilise le son et la musique – sous toutes leurs formes – comme moyen d’expression, de communication, de structuration et d’analyse de la relation. Elle est pratiquée en groupe comme individuellement, avec des enfants comme avec des adultes. » Édith Lecourt

Mais les définitions théoriques peuvent rester abstraites et je vous propose d’entrer dans l’univers de la musicothérapie progressivement au fil de ce site en en découvrant différents aspects.

Tout d’abord, je vous parlerai de la différence entre les deux méthodes de musicothérapie : la musicothérapie active et la musicothérapie réceptive puis des champs d’application, de ce qui fait la spécificité du musicothérapeute et de l’avancée vers la reconnaissance de la profession.

Si vous souhaitez en savoir davantage, n’hésitez pas à vous plonger dans les principaux ouvrages sur la musicothérapie.

 

La musicothérapie active

La musicothérapie active est une méthode utilisée par les musicothérapeutes afin d’amener la personne ou le groupe de personnes à pratiquer la musique, à créer du sonore, à s’exprimer par l’intermédiaire des sons.

Il existe différentes manières de faire :

  • chanter, utiliser sa voix
  • jouer d’un instrument de musique ou sonore
  • utiliser les sons corporels, les percussions corporelles

 

Le musicothérapeute peut faire différentes propositions aux patients en musicothérapie active. Cela peut être de la création libre, de l’improvisation, de la communication sonore (Édith Lecourt), le rassemblement autour d’une pulsation, d’un rythme…

Les objectifs peuvent être divers et variés selon le public et les objectifs thérapeutiques de l’atelier, comme de développer la créativité, la capacité d’expression, travailler la psychomotricité fine…

L’autre méthode principale est la musicothérapie réceptive.

La musicothérapie réceptive

La musicothérapie réceptive est une méthode qui invite le patient à écouter la musique. On ne parle pas de musicothérapie passive qui signifierait que le patient reste inactif. Au contraire, le terme « réceptif » tient à montrer l’intention d’être dans l’écoute du patient lors de la pratique de cette méthode.

Il y a deux manières principales de développer la méthode de musicothérapie réceptive :

  • l’écoute de musique enregistrées, la plus courante
  • l’écoute de musique en direct (souvent jouée par le musicothérapeute)

Les objectifs pour cette méthode, comme pour la musicothérapie active, peuvent être d’ordres très différents selon la population ou la personne : le développement sensoriel, la relaxation, le travail autour de l’imagination, des émotions, de la verbalisation par association post-écoute…

Découvrez maintenant les différents domaines d’application de la musicothérapie.

 

Les champs d’application

Les champs d’application de la musicothérapie sont très larges. Ils commencent avec le domaine de la périnatalité (femmes enceintes, bébés nés prématurément, relation mère-enfant…) et se terminent avec l’accompagnement en soins palliatifs. Entre ces deux extrêmes, la musicothérapie peut s’appliquer à divers publics et s’adapter à chaque fois au contexte.

Ainsi, il est possible d’intervenir en gériatrie, auprès des personnes atteintes de déficiences physiques, sensorielles ou intellectuelles, de troubles du spectre autistique, de troubles scolaires, de troubles alimentaires, de troubles du comportement, de troubles du langage, de la relation, de la communication ou du développement, pour les personnes victimes d’abus sexuels ou physiques, les personnes en proie aux addictions, les personnes en proie à l’anxiété, au stress, au burn out, à la dépression, à l’isolement, aux risques suicidaires, les personnes atteintes de pathologies mentales ou psychiques, de polyhandicap, de maladies chroniques, lourdes ou douloureuses… que ce soit auprès d’enfants, d’adolescents, d’adultes ou de personnes âgées, en groupe ou en individuel.

Les domaines d’intervention les plus connus sont ceux autour de l’autisme et de la maladie d’Alzheimer. Cela s’explique par les recherches et les plans de santé menés par la France ces dernières années.

Il est possible de mettre en place des ateliers de musicothérapie dans beaucoup de contextes : en hôpital (psychiatrie, oncologie, traumatisme…), dans différentes structures médicales, sanitaires et médico-sociales (EHPAD, SESSAD, IME, CMP, foyers, prison…), à domicile ou en cabinet

Je suis partisane d’une musicothérapie qui s’ouvre vers tous les domaines d’application où il est possible qu’elle apporte un mieux-être sans oublier sa vocation thérapeutique, rééducative ou psychopédagogique. Elle peut également être employée dans des objectifs de prévention notamment auprès de certaines personnes (risques suicidaires, addiction, burn out…).

Afin de répondre à tous ces besoins, le musicothérapeute se doit d’être un professionnel qualifié.

La profession de musicothérapeute

Le musicothérapeute est avant tout un professionnel de la relation à l’autre. On pourrait presque dire que la musique n’est finalement qu’un prétexte qui permet la mise en relation. C’est pourquoi sa formation en psychologie et psychopathologie est essentielle, tout comme la supervision des pratiques, lui permettant de réaliser un travail sérieux auprès de l’Humain.

De par sa formation et son expérience du milieu dans lequel il intervient, il est à même d’adapter son atelier : au public auquel il s’adresse, à la structure dans laquelle il intervient, à l’objectif fixé lors de la création de l’atelier, objectifs thérapeutiques, préventifs, psychopédagogiques. Le musicothérapeute est capable de créer des ateliers spécifiques et de les adapter. Lorsqu’il intervient dans des structures, voire parfois en libéral, le musicothérapeute travaille avec d’autres professionnels, au sein d’une équipe pluridisciplinaire. Il participe au processus de soin mis en place pour le patient.

Les outils thérapeutiques utilisés par le musicothérapeute sont propres à la discipline. Ainsi, il peut utiliser la communication sonore, construire des bandes sonores spécifiques, utiliser des outils de musicothérapie active ou réceptive, créer ses propres outils…

De même, le musicothérapeute doit être capable d’évaluer son travail, par des compte-rendus d’observation clinique, des évaluation et bilans, des grilles d’évaluation… Il doit réfléchir à sa pratique, être supervisé et remettre en question et adapter son travail en permanence.

Si vous souhaitez recourir aux services d’un musicothérapeute, sachez que le métier n’est pas encore reconnu même si cela est en bonne voie. Alors en attendant cette reconnaissance de l’Etat, il est recommandé de faire attention : demandez les diplômes et/ou les expériences professionnelles du musicothérapeute que vous souhaitez embaucher. Un Diplôme Universitaire (ou formation équivalente) est le minimum requis pour être sûr de ne pas embaucher un professionnel non qualifié (formation à la musicothérapie en quinze jours, voire pas de formation du tout). Si vous souhaitez trouver un thérapeute, vous pouvez consulter les annuaires disponibles sur le site de la Fédération Française des Musicothérapeutes et sur le site de l’Association Française de Musicothérapie.

Enfin, si vous vous destinez à la profession de musicothérapeute ou si vous souhaitez des renseignements sur les différentes formations qui existent, vous pouvez trouver la liste des formations agréées par la Fédération sur leur site. Vous serez ainsi assurés de la qualité des enseignements prodigués.

Vers une reconnaissance

La musicothérapie, comme tous les métiers de l’art-thérapie, est une profession qui n’est pas encore reconnue en France, contrairement à d’autres pays européens comme l’Autriche.

Cependant, nous avançons progressivement vers une reconnaissance du métier (ou au moins une réglementation) qui passe par différentes étapes dont la plupart ont déjà été franchies.

Par exemple, il est fait mention des métiers d’art-thérapeute et de musicothérapeute dans le code ROME, en sous-rubrique de la fiche de psychologue (K1104).

Depuis 2016, le référentiel métier créé par un groupe de travail de la Fédération Française des Musicothérapeutes a été adopté par l’ensemble des musicothérapeutes et des formations reconnues. La Fédération Française des Musicothérapeutes a pour but, à l’heure actuelle, d’avancer vers une réglementation de l’usage du titre de musicothérapeute, pour en éviter les dérives. La FFM travaille en ce sens avec la rédaction de documents officiels et la mise en lien avec la Direction Générale de l’Offre de Soins.

Malheureusement, la reconnaissance légale du métier ne suffit pas et il serait également primordial d’obtenir une (re)connaissance de la musicothérapie par le grand public, de manière générale, car cette discipline est encore trop peu connue ou alors mal connue. Si vous souhaitez vous-même connaître davantage la musicothérapie, je vous invite à vous plonger dans quelques lectures intéressantes.

Recommandation de lectures

Pour approfondir vos connaissances en musicothérapie, voici plusieurs ouvrages ou articles à consulter.
Pour commencer, quelques grands classiques :
La musicothérapie, Édith Lecourt, 2010, Paris, Eyrolles
Manuel de musicothérapie, Rolando Benenzon, 1977, Toulouse, Privat

Un article québécois consultable en ligne :
La musicothérapie, Hélène Century, 2010/3, Le coq Héron n°202
Pour aborder le développement sonore de l’enfant :
Au sortir du bruit, Édith Lecourt, 2008/8, Le journal des psychologues n°261
Exemple de travail réalisé auprès des adolescents :
Pistes sonores, Gabrielle Fruchard, 2001/3, Enfances et psy n°15
Neuropsychologie, musicothérapie et maladie d’Alzheimer :
Art-thérapie et démences : apports de la neuropsychologie, Hervé Platel, 2011/4, Revue de neuropsychologie volume 3